J’aime ce fil, sa couleur, sa rusticité, ses 40% de soie… je veux un top dans ce fil.
Oui, mais comment, le top ?
Forme t-shirt ? Pas mal, allez, sur les aiguilles. Mais non, c’est trop simple, et puis les bras, à ton âge, la souris, ce n’est plus ce que c’était, mieux vaut les cacher.
Alors un pull ? Non, un gilet, tu as choisi l’équipe gilet ! Va pour le gilet, on castonne.
Oh, et puis non, je monte une marinière en bottom-up. C’est idiot, ça ressemblera trop à ton pull multico.
Trois montages de côtes plus tard, une de mes pelotes est presque fichue à force de tricoter-détricoter. Je laisse tomber.
Et un soir, je me lance. Je démarre sur les chapeaux de roues, ou plus exactement sur 120 mailles. Pourquoi 120 ? Et pourquoi des chapeaux de roues ???
120 mailles parce que. Parce que ça sonne bien, 120. Et puis parce que mon précédent top-down avait 120 mailles à l’encolure (c’est pas une bonne raison, ça ?).
Et ça avance, ça avance bien. Des rangs raccourcis pour creuser l’encolure.
Un rang mousse, et juste après un rang jersey avec des augmentations une maille sur deux,et tiens, si je faisais un joli point de dentelle?
De nouveau le rang mousse, le rang jersey avec des augmentations - une maille sur trois, cette fois, ça devrait aller.
Du jersey reposant. Parce que ce fil dans ce point, il me tue les mains.
Et hop rang mousse, rang jersey avec des augmentations (on va dire une maille sur quatre, ce coup-ci) et cette fichue dentelle qui est quand même vachement belle.
Voyons un peu… c’est un peu court comme yoke !
Allez, on remet ça : le rang mousse, le rang jersey avec des augmentations une maille sur cinq, quoi de plus logique. Et le jersey, le rang mousse. Je fais la fournée d’augmentations ? Ce devrait être une maille sur… tenez, à vous de deviner !
Ah non, ça doit être bon, comme hauteur de yoke. Je sépare. J’ajoute des mailles sous les bras. Combien ? Bah six, puisque la dentelle est sur 3 mailles, et que, quand même, il faudra encore de la dentelle pour l’é-qui-li-bre du truc final.
La dentelle, chouette ! sans augmentations, c’est toujours ça de gagné. Victoire, j’ai les mains ruinées, mais voilà le rang mousse, ensuite on descend le corps en jersey kilométrique.
Je l’ai étrenné hier pour une virée de folie aux Baux-de-Provence avec trois copines. Grenoble-Les Baux aller-retour dans la journée ? Z êtes folles, les filles. Mais non, on se lance ! Restau le midi aux Baux, carrières de lumière et pot en terrasse à Saint-Rémy-de-Provence… Soleil, mistral, gardiane de taureau, sirop d’orgeat, un petit air de vacances qui fait du bien quand on avait l’ambiance 11 novembre depuis une semaine.
Une folie, vous dis-je, mais c’est trop bon !