Blogoversaire oulipien

Publié le 31 Mars 2018

Mars 2008 : premiers posts. Il a fallu attendre 2009 pour les suivants ! Néanmoins cela fait quand même dix ans qu'a commencé cette aventure du blog.

Dix ans que je partage ici mes réalisations (beaucoup), mes balades (pas mal), ma vie privée (un peu) et mes indignations (pas trop).

Dix ans que vous me lisez et commentez mes écrits. Cela mérite bien un grand merci, car, si l'acte d'écrire est un acte solitaire, l'écrit s'adresse à un lecteur... Sans vous, cela n'aurait pour moi aucun sens d'écrire !

 

Dix ans, ça se fête... et avant que mars ne soit totalement écoulé (et puis, si je l'avais fait le 1er avril, vous auriez pu croire à une blague !)

Alors comment fêter cela ? Comment aussi, vous remercier ?

Bah, par un petit concours, tiens... Ce n'est pas très original, mais bon, je n'ai guère d'imagination !

 

Ah tiens, si... Je vous propose un petit exercice d'écriture... Un petit logorallye à la mode oulipienne !


Il va s'agir d'écrire un petit texte, d'inventer une petite histoire à partir d'une liste de mots imposés. Je ne cherche pas bien loin, je vous propose ceux du premier logorallye, le logorallye de Raymond Queneau (cofondateur de l'Oulipo) qui furent à l'origine de ses fameux exercices de style.

Blogoversaire oulipien

Voici ces mots :

‘dot', ‘baïonnette', ‘ennemi', ‘chapelle', ‘atmosphère',

‘Bastille', ‘correspondance'.

Contrainte: tous ces mots seront utilisés, et dans cet ordre, pour écrire un texte.

Contrainte supplémentaire: le texte devra parler de ce qui nous intéresse tou(te)s : les travaux manuels, les arts du fil, le DIY...

 

 

Afin de dédramatiser la chose, je me suis la première prêtée au jeu (car il s'agit bien d'un jeu !):

"Toute jeune fille amenait alors, avec sa dot, son linge brodé, orné de fine dentelle, tout un trousseau constitué au fil des semaines et de l'aiguille. Elle avait passé des heures, eût-elle d'abord tenu l'aiguille comme une baïonnette et perforé le tissu comme s'il s'était agi du ventre de l'ennemi, à réaliser ces délicats travaux. Chaque dimanche, sitôt la sortie de l'église ou de la chapelle, elle reprenait l'ouvrage, concentrée sur la précision des points, dans une atmosphère de concentration, presque de recueillement. La confection du trousseau complet était un Everest à conquérir, une Bastille à prendre, point après point, dimanche après dimanche, jusqu'à l'heure de se livrer enfin à la correspondance qu'elle entretenait avec le promis auquel elle pourrait enfin s'unir, lorsque serait achevée l'entièreté du trousseau."

 

On se donne jusqu'au 15 avril... ?

Et nous choisirons ensemble (ou pas, s'il n'y a pas de réponses...) par "votation" un texte pour désigner la gagnante de ce petit concours, qui recevra un petit cadeau.

 

 

Et puis, si ça ne marche pas, on fera autrement... en avril !

 

 

Rédigé par miclasouris

Publié dans #elle cause

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
V
Je t'envoie mon texte, s'il n'est pas trop tard...
Répondre
G
Au lieu de travailler (à quoi ça sert d'abord ?), je viens d'être inspirée pour écrire un (assez) petit texte, mais bon, l’imagination n'est pas mon fort (le jeu, oui)<br /> <br /> <br /> C'est ma grand-mère qui a créé ma dot en me donnant le goût du fil. Née en 1914, elle aurait pu confondre les baïonnettes avec nos chères aiguilles à tricoter, mais, que nenni et, sus à l'ennemi, l'ennui, elle m'a fait entrer très tôt dans le monde de la laine, que dis-je, sa chapelle sanctifiée d'une marque très connue, implantée au siècle dernier dans notre ville.<br /> <br /> Il y régnait une atmosphère magique où toutes ces couleurs et ces matières portaient au rêve.<br /> <br /> Aujourd'hui, cinquante ans plus tard, mes problèmes de santé auraient pu m'enfermer chez moi comme à la Bastille, mais, grâce à ce merveilleux outil que peut être Internet, j'ai entamé de belles correspondances avec d'autres passionnées, passionnantes et talentueuses, telles que notre amie Michèle.<br /> <br /> Très heureux bloganniversaire. Qu'on en fête encore d très nombreux !<br /> <br /> BIZ
Répondre
O
Enfin la valise est ouverte : c' était une partie de la dot de ma grand-mère, je soulève le papier de soie délicatement, je découvre un drap en lin orné d'une magnifique dentelle aux fuseaux. J'imagine alors la dentellière piquant ses épingles aux têtes de verre comme des baïonnettes dans le carton enroulé sur son « carreau « . Les fuseaux sont alignés comme de fidèles soldats face à l'ennemi . Le motif est constitué de « points d'esprit » semblables à ceux de la nappe de l'autel de la chapelle. Je pense alors à « la Jeanne »de Saint Bonnet le Chastel qui m'a enseigné cet Art, à l’atmosphère de sa cuisine ,ses mains , son carreau , le cliquetis des fuseaux, le crépitement du poêle , ses fils virevoltaient si naturellement alors que de mon côté la tâche me paraissait aussi inaccessible que la prise de la Bastille ! Mais petit à petit « passées »après « passées » , la magie de la dentelle s'est opérée. Je garde le drap contre moi, il y en a d'autres, des nappes , des serviettes, des torchons, des mouchoirs brodés , tout paraît intact, immobile depuis toujours … C'est alors que j’aperçois des lettres : sa correspondance avec Gustave son amoureux datée jusqu'en 1916 , mon grand père s'appelait Émile…..
Répondre
M
Merci beaucoup c'est très sympa Michelle. Bravo surtout d'avoir organisé cet exercice .Bonne journée à tous
M
Waouh, quel joli texte ! Bravo... Michèle
T
« En ces temps troublés, préparer la dot de sa fille n'était pas une chose facile pour un père. Mais je ne m'attendais quand même pas à trouver dans mon trousseau deux baïonnettes ! Moi qui rêvais d'un rouet ou d'un métier à tisser qui m'auraient permis de confectionner du tissu tant pour mon foyer que pour gagner quelques louis...<br /> Mais à quoi pensait donc mon père ? Pensait-il que l'homme à qui il m'avait promise était mon ennemi, qu'il était si mauvais que j'allais avoir besoin de me défendre contre lui ? Pourtant dans quelques jours il me mènerait à lui devant l'autel de la petite chapelle de notre village...<br /> Qu'allions-nous faire de ces deux baïonnettes ???<br /> Pendant un temps j'ai cru que nous aurions à les utiliser avec cette révolution qui boulversait notre pays. Mais, malgré l'atmosphère de haine qui planait sur nos contrées, nous ne sommes pas des gens violents, nous ne pourrions nous résoudre à les utiliser. Finalement, nous les avons cachées sous notre couche. <br /> Pour autant je ne pouvais rester dans mon coin à attendre que d'autres décident de mon avenir. J'ai appris que certaines de mes sœurs allaient soutenir à la convention ceux qui luttaient pour défendre nos droits, comme Condorcet qui avait proclamé : « Celui qui vote contre le droit d’un autre, quels que soient sa religion, sa couleur ou son sexe, a dès lors abjuré les siens ». Alors j'ai décidé de les rejoindre même si je devais finir dans un cachot de la Bastille ! Et il fallait bien se montrer solidaire avec notre sœur Olympe de Gouges qui avait eu le courage d'écrire dans sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne : « La femme naît et demeure égale à l’homme en droits ». J'ai bien peur que cela ne lui attire des ennuis. Il faut la soutenir !<br /> J'ai donc rejoint le banc des femmes sans culotte. Et que ces discours à l'Assemblée, à la Convention étaient longs... Alors pendant ces séances interminables, mes sœurs et moi avons décidé de tricoter. On nous a surnomées les Tricoteuses. <br /> Mais je n'avais pas d'aiguilles, et pas d'argent pour un acheter. C'est là que j'ai eu une idéee de génie ! J'ai ressorti ces deux baîonnettes reçues en dot pour les transformer en aiguilles à tricoter ! Un seul petit problème : je n'avais pas de guide de correspondance de diamètre de baîonnette avec le diamètre d'aiguilles à tricoter.. Ce n'est pas grave, je ferai des échantillons ! »<br /> <br /> Ces quelques mots ont été jetés sur une feuille, jaunie et craquelée avec les ans, d'une écriture malhabile, quasi enfantine. C'est ma grand-mère qui m'a confié ce petit trésor. Cet écrit de sa lointaine aîeule s'est transmis aux femmes de la famille de génération en génération. Un jour, elle a failli le jeter en se demandant qui serait un jour intéressé par ces vieilles histoires. Mais le lendemain, ma grand-mère entendait à la TSF le général de Gaulle répondre à un journaliste : « Un ministère de la Condition Féminine ? Et pourquoi pas un secrétariat d'Etat au Tricot ? ». C'était le 22 avril 1944. La veille, le général de Gaulle avait signé une ordonnance donnant aux femmes le droit de voter et d'être élues...<br /> <br /> Connaissant ma passion pour le tricot et mon attachement aux droits des femmes, ma grand-mère a pensé que cela m'intéresserait. Merci à toi, ô ma grand mère tricoteuse et femme libre ! Je prendrai soin de ce beau témoignage !<br /> <br /> Tchoury
Répondre
O
Magnifique ! Super . Excuse moi , je n'ai pas mis le mien au bon endroit . Bon Dimanche !
O
Je me lance ....<br /> Enfin la valise est ouverte : c' était une partie de la dot de ma grand-mère, je soulève le papier de soie délicatement, je découvre un drap en lin orné d'une magnifique dentelle aux fuseaux. J'imagine alors la dentellière piquant ses épingles aux têtes de verre comme des baïonnettes dans le carton enroulé sur son « carreau « . Les fuseaux sont alignés comme de fidèles soldats face à l'ennemi . Le motif est constitué de « points d'esprit » semblables à ceux de la nappe de l'autel de la chapelle. Je pense alors à « la Jeanne »de Saint Bonnet le Chastel qui m'a enseigné cet Art, à l’atmosphère de sa cuisine ,ses mains , son carreau , le cliquetis des fuseaux, le crépitement du poêle , ses fils virevoltaient si naturellement alors que de mon côté la tâche me paraissait aussi inaccessible que la prise de la Bastille ! Mais petit à petit « passées »après « passées » , la magie de la dentelle s'est opérée. Je garde le drap contre moi, il y en a d'autres, des nappes , des serviettes, des torchons, des mouchoirs brodés , tout paraît intact, immobile depuis toujours … C'est alors que j’aperçois des lettres : sa correspondance avec Gustave son amoureux datée jusqu'en 1916 , mon grand père s'appelait Émile…..
M
Oh j'adore ton texte!!! Merci d'avoir joué... et
M
Coucou, en espérant avoir bien respecté les consignes et ne pas avoir laissé trop de fautes, voilà ma proposition. J'ai bien aimé l'exercice et bon anniblog.<br /> <br /> Faut-il que je vous explique comment j’en suis venu à tricoter ?<br /> Lorsque toute jeune je me suis installée avec celui qui deviendra mon mari, je ne suis pas venue avec dot et compagnie. Dépassé tout cela, les travaux d’aiguilles point pour moi. Même menacée par la pointe d’une baïonnette, il n’était pas question que je touche ne serait-ce qu’à une seule aiguille. Elles et moi étions de vraies ennemies. Je capitulais lorsqu’un bébé s’annonça. Armées de mes meilleurs intentions, je débutais un tricot, un tout petit ensemble pour un petit bébé. Mais la tâche me parut tellement grande, que même avec toutes les prières que j’aurais pu faire à la chapelle, je n’en vaincs pas à bout. Heureusement mamie me sauva le coup. L’ensemble ne fut pas complet mais l’honneur fut sauf. <br /> Du temps, beaucoup de temps s’écoula avant que je me relance dans une nouvelle expérience. Mais cette fois, motivée par une amie, je découvris un groupe de fille, folle d’aiguilles et encore plus de laines. Il y avait dans ce groupe une atmosphère plaisante et aidée de leurs précieux conseils, je finis, cette fois-ci, mon premier ouvrage. J’étais fière un peu comme une Grenobloise qui réussit à monter à pieds jusqu’à la Bastille en un temps-record. Depuis j’ai découvert encore plus de passionnées sur internet : échanger, tenir des correspondances, lire, s’inspirer m’a permis de progresser. Finalement, ce n’est pas tricoter qui est dépassé mais bien de rester seul(e) quand on veut essayer.
Répondre
M
Super, ton texte ! Merci et bonne chance ! Bises. Michèle